Le humay, à l’ombre heureuse, arriva devant l’assemblée, lui dont l’ombre crée les rois.
C’est du humay qu’est venu le nom de humayûn (fortuné), parce que cet oiseau est celui de tous qui a le plus d’ambition.
« Oiseaux de la terre et de la mer, dit-il, je ne suis pas un oiseau comme les autres oiseaux.
Une haute ambition m’a fait agir, et c’est pour la satisfaire que je me suis séparé des créatures ;
c’est ainsi que je considère comme vile ma chienne d’âme.
C’est par moi que Feridoun et Jamschid ont été grands.
Les rois sont élevés sur le pavois par l’influence de mon ombre ; mais les hommes qui ont un caractère de mendiant ne me plaisent pas.
Je donne des os à ronger à ma chienne d’âme, et je mets mon esprit en sûreté contre elle.
Comme je me borne à donner de os à mon âme, mon esprit acquiert par là un rang élevé .
Comment peut-il détourner sa tête de sa gloire, celui dont l’ombre crée les rois ?
Tout le monde cherche à s’abriter à l’ombre de ses ailes, dans l’espoir d’en obtenir quelque avantage.
Comment rechercherais-je l’amitié de l’altier Simorg, puisque j’ai la royauté à ma disposition ? »
La huppe lui répondit :
"C’est toi que l’orgueil a asservi ; cesse d’étendre ton ombre, et ne te complais plus désormais en toi-même.
En ce moment, bien loin de faire asseoir un roi sur le trône, tu es occupé, comme le chien, avec un os.
Plût à Dieu que tu ne fisses pas asseoir des Khosroës sur le trône, et que tu ne fusses pas occupé d’un os !
En supposant même que tous les rois de la terre ne sont assis sur le trône que par l’effet de ton ombre, demain cependant ils tomberont dans le malheur, et resteront pour toujours privés de leur royauté, tandis que, s’ils n’avaient pas vu ton ombre, ils n’auraient pas à rendre un compte terrible au dernier jour."