Vint ensuite la bergeronnette, le corps faible et coeur tendre, agitée comme la flamme de la tête au pieds.
« Je suis, dit-elle, stupéfaite, abattue, sans vigueur, sans force, sans moyens d’existence.
Je suis frêle comme un cheveu, je n’ai personne pour me secourir, et, dans ma faiblesse, je n’ai pas la force d’une fourmi.
Je n’ai ni duvet, ni plumes, rien enfin.
Comment parvenir auprès du noble Simorg ?
Comment un faible oiseau comme moi pourrait-il arriver auprès de lui ?
La bergeronnette le pourrait-elle jamais ?
Il ne manque pas de gens dans monde qui recherchent cette union ; mais convient-elle un être tel que moi ?
Je sens que je ne puis parvenir à cette union, et ainsi je ne veux pas pour une chose impossible faire un pénible voyage.
Si je me dirigeais vers la cour du Simorg, je mourrais ou je serais brûlée en route.
Puisque je ne me sens pas propre à l’entreprise que tu proposes je me contenterai de chercher ici mon Joseph dans le puits .J’ai perdu un Joseph, mais je pourrai le trouver encore dans le monde.
Si je viens à bout de retirer mon Joseph puits, je m’envolerai avec lui du poisson à la lune. »
La huppe lui répondit
« Ô toi qui, dans ton abattement, tantôt triste, tantôt gaie, résistes à mon invitation je fais peu d’attention à tes adroits prétextes et à ton hypocrisie, bien loin d’agréer tes raisons.
Mets le pied en avant, ne souffle mot, couds-toi les lèvres.
Si tous se brûlent, tu brûleras comme les autres ; mais, puisque tu te compares métaphoriquement à Jacob, sache qu’on ne te donnera pas de Joseph : ainsi cesse d’employer la ruse. Le feu de la jalousie brûlera toujours, et le monde ne peut s’élever à l’amour de Joseph. »