A l’intention de Hajj Muhammd Lahori expliquant que la Shari’a est suffisante pour obtenir les félicités terrestres et célestes et que la haqiqat et la tariqat sont les deux servantes de la shari’a.
Puisse Allah – exalté soit-Il !– nous permettre de réaliser l’essence et la réalité de la Loi Sacrée Mustafawiyya – et que sur le Salut et la Bénédiction se répandent sur son vénéré maître. Et puisse Allah ta ‘ala faire miséricorde à celui répond « Amine ! » à cette invocation!
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Sache que la Loi Sacrée recèle trois dimensions – ‘Ilim, ‘Amal et Ikhlâs – sans la réalisation desquelles il est impossible de réaliser la Loi Sacrée, ni d’atteindre la station qui lui est co-extensive : l’agrément d’Allah ta ‘ala (ridah), un « maqâm » surpassant toutes les félicités terrestres et célestes confondues [attendu que l’agrément d’Allah est le suprême bien]. La Loi Sacrée garantit l’obtention de toutes les félicités terrestres et célestes. Il est donc parfaitement vain de les chercher où que ce soit en dehors de cette dernière.
La Tarîqat et la Haqiqat dont parlent les Soufis sont les deux servantes de la Loi Sacrée et s’y subordonnent l’une et l’autre pour devenir des instruments à l’aide desquels les Soufis perfectionnent l’ikhlâs authentique. Le recours à ces deux précieuses planches de salut ne saurait avoir d’autre mobile que la réalisation de la Loi Sacrée [rien d’autre n’étant exigé au-delà de cette dernière]. Les états (hals), les expériences extatiques, gnoses et connaissances que le Soufi acquiert lors de son itinéraire spirituel (tariqat) ne sont pas en soi des objectifs et peuvent même constituer autant d’illusions et de phantasmes [dont se nourrissent les enfants du cheminement spirituel].
Il s’agit donc de déjouer les pièges de l’illusion pour discerner le véritable objectif qui est l’obtention du contentement divin (maqâm l’ridah), ultime degré de la progression initiatique du cheminement et de l’attraction spirituels. C’est en parcourant les différentes étapes de la Tarîqat et de la Haqiqat [tout en étant conscient que l’objectif à atteindre est le contentement divin] que s’actualise la sincérité authentique (ikhlâs) qui est la clé de voûte de la station du contentement (maqâm l’ridah).
Il est à noter que bien peu d’aspirants parviennent à réaliser ce type d’ikhlâs et le degré de contentement qui lui est consubstantiel, et ce, quand bien même après avoir franchi les trois échelons théophaniques (tajalliyat thalitha) et savouré la vision spirituelle des Gnostiques (mushahad l’arifeen). La plupart d'entre eux en effet, – réduisant la fin aux moyens – prennent des vessies pour des lanternes et considèrent que les expériences spirituelles sont les véritables finalités du cheminement. Que les théophanies et visions spirituelles sont les objectifs ultimes de leur quête initiatique. Nul doute que ces gens ont bâti atour d’eux une prison de toutes ces chimères et phantasmes, et que cette prison ne manque pas de leur barrer l’accès aux perfections de la Loi Sacrée!
L’actualisation de la sincérité authentique (ikhlâs), passe, il est vrai, par la gustation des états extatiques (hals) et la réalisation des différents types de gnoses et d’illuminations. Mais toutes ces expériences ne sont rien de plus que des viatiques pour cheminer vers le Désiré [autant de pierres pavant la route de l’Objectif]. C’est uniquement après s’être adonné pendant plus de dix ans à la Tariqat que cette réalité fut dévoilée à l’indigent que je suis [l'imam Rabbani parlant de lui-même], et cela, grâce à la bénédiction du bien-aimé d’Allah ta ‘ala, que la Prière et la Paix soient sur lui et sa famille. L’attestation de la Loi Sacrée me devint clairement explicite [pour ce qu’elle est], et bien que n’ayant moi-même jamais été spécialement attaché aux états et aux expériences extatiques, et que je n’eus [au cours de mon cheminement spirituel] jamais rien d’autre en vue que la Loi Sacrée elle-même, il me fallut néanmoins un total de dix ans pour arriver à cette claire compréhension. Dieu soit loué et abondamment magnifié pour cette grâce!
Ce texte est tiré d'une lettre de l'Imam al Rabbani Ahmed al Farouqi al Sirhindi
Traduit de l'arabe à l'anglais par le Cheikh Naeem Abdul Wali.