O toi plein de bonté, à qui appartiens-tu, à qui ?
O fleur de notre jardin, où te trouves-tu, où donc ?
Le lys avec toutes ses langues n'a pu me donner des nouvelles de toi.
Il m'a dit : "Va-t'en, ne me demande que la prière et la louange".
Par ta main, ô ma beauté ! le jardin se remplit de douceur :
Malgré la luxuriance, il ignore les prodiges de ta main.
Si le cyprès dresse sa tête, il n'arrivera pas à ta hauteur.
Si le narcisse a des yeux, il ne te verra pas.
Si l'oiseau chante sa litanie, si la branche répand ses fleurs.
Si la verdure croît en toute hâte, on ne peut les empêcher.
C'est le nuage qui désaltère la fleur, c'est la patience qui désaltère le coeur.
Le nuage est le compagnon de la plante, la patience est le compagnon de la lumière.
De tous côtés, hommes, démons, animaux, se trouvent rangés en files.
Mais dans cette taverne ils ne peuvent mettre le pied.
Cherche-moi partout, demande-moi ce que tu veux :
Sans que je te guide, tu ne pourras comprendre la moindre parcelle.
C'est le rayonnement du soleil qui échauffe la surface de l'eau.
Et c'est aussi le soleil qui l'attire vers le ciel,
Et l'emporte peu à peu, imperceptiblement.
L'éclat du Bien-Aimé sépare de la lie ce qui est limpide.
Je referme la bouche sur ces paroles étranges,
Mais le ciel, toute la nuit, t'adresse des appels.